Le 17 mai à N’Djamena, l’ancien Premier ministre tchadien Succès Masra a été interpellé par les forces de sécurité, à la suite des affronteme
Le 17 mai à N’Djamena, l’ancien Premier ministre tchadien Succès Masra a été interpellé par les forces de sécurité, à la suite des affrontements meurtriers survenus dans le village de Mandakao (Logone-Occidental). Le parquet l’accuse d’avoir diffusé sur les réseaux sociaux des messages incitant à la haine communautaire, dans un climat de tensions exacerbées entre éleveurs peuls et agriculteurs ngambayes.
Le bilan humain est lourd : 42 morts, majoritairement des femmes et des enfants. Alors que les autorités pointent du doigt l’opposant pour « complicité d’assassinat » et « incitation à la révolte », son parti, Les Transformateurs, dénonce une arrestation arbitraire et une instrumentalisation de la justice.
Cette nouvelle crise intervient dans un contexte de fracture politique persistante entre le pouvoir central de N’Djamena, dominé par l’élite militaire nordiste, et le sud du pays, souvent relégué et en proie à des tensions intercommunautaires.
📰 Le regard de Com d’Afrik
Au-delà des faits, l’interpellation de Succès Masra s’inscrit dans un scénario inquiétant pour la stabilité du Tchad. Populaire au sud, réformiste assumé, l’ancien candidat à la présidentielle représente un courant d’opposition structuré, bien ancré dans une frange de la population longtemps marginalisée par le pouvoir central.
Son arrestation, sans preuves formelles présentées à ce stade, risque d’alimenter le sentiment d’injustice et d’exclusion, déjà palpable au sein des communautés du sud. La réaction brutale des autorités – filmée et dénoncée par son parti – accentue le clivage entre institutions et société civile.
Dans un pays où la justice peine à démontrer son indépendance, cette affaire soulève une question fondamentale : assiste-t-on à un acte judiciaire fondé ou à une tentative de museler un adversaire politique gênant ? Si le Tchad veut éviter l’escalade, il lui faudra miser sur la transparence, le dialogue et une véritable équité devant la loi.
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