Dans son dernier rapport, la Banque mondiale classe le Gabon au 8ᵉ rang mondial des pays appliquant les tarifs douaniers les plus élevés, ave
Dans son dernier rapport, la Banque mondiale classe le Gabon au 8ᵉ rang mondial des pays appliquant les tarifs douaniers les plus élevés, avec un taux moyen de 18,8 % entre 2020 et 2022. Un chiffre bien supérieur à la moyenne africaine (12 %) et mondiale (7,4 %), qui soulève des inquiétudes sur la compétitivité économique du pays.
L’institution de Bretton Woods souligne que cette pression tarifaire constitue un frein structurel à la croissance du secteur privé, en renchérissant les coûts d’importation, en particulier pour les intrants industriels et les biens de consommation. Résultat : une hausse des prix pour les consommateurs et une fragilisation de l’appareil productif national.
À cela s’ajoutent des obstacles non tarifaires : lourdeurs administratives, lenteur logistique, normes techniques strictes et déficit d’infrastructures. Le corridor Libreville-Cameroun, par exemple, illustre ce dysfonctionnement avec des frais supplémentaires de près de 2 millions de FCFA et plus de 15 heures de retard en moyenne.
Le classement du Gabon au 115ᵉ rang sur 139 pays dans l’indice de performance logistique de 2023 confirme cette tendance préoccupante.
Face à cette situation, la Banque mondiale appelle à une réforme structurelle des politiques douanières et logistiques pour aligner le pays sur les standards internationaux et encourager l’investissement privé.
🔍 Le regard de Com d’Afrik
Ce rapport de la Banque mondiale agit comme un électrochoc : le Gabon paie aujourd’hui le prix d’un système commercial rigide, coûteux et chroniquement inefficace.
Au-delà des chiffres, il révèle une réalité structurelle : les réformes douanières et logistiques n’ont jamais été traitées comme des leviers stratégiques de développement, mais comme des outils de court terme pour générer des recettes. Résultat : un environnement des affaires peu attractif, des entreprises asphyxiées, et une compétitivité régionale en berne.
La question est désormais politique : le gouvernement est-il prêt à engager une refonte profonde de l’appareil douanier, au risque de bousculer certains intérêts établis ? Car derrière la réforme se joue aussi la crédibilité du modèle économique de la Cinquième République.
Dans un monde où la fluidité des échanges est une condition sine qua non du développement, le Gabon ne peut plus se permettre d’être l’un des pays les plus fermés de la planète. La réforme est urgente, et surtout inévitable.
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