Soudan – Centrafrique : l’ONU alerte sur le débordement du conflit soudanais vers la RCA

Le 26 juin, Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a tiré la sonnette d’alarme devant le Conseil de sécurité : le conflit armé au Soudan est en train de déborder vers le nord-est de la République centrafricaine.

Selon lui, l’attaque ayant coûté la vie à un Casque bleu à la frontière avec le Soudan a été menée par des éléments armés soudanais, une première identification formelle dans ce contexte.

De son côté, Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, affirme dans un rapport récent que des véhicules des Forces de soutien rapide (FSR), acteur clé de la guerre civile au Soudan, ont été repérés à plusieurs reprises dans les régions centrafricaines d’Am Dafok et d’Aouk, zones sensibles où opère la MINUSCA.

👉 Le rapport, couvrant la période de février à juin, évoque des incursions armées répétées en RCA, conséquence directe de la guerre civile soudanaise qui a déjà causé :

• plus de 24 000 morts

• environ 13 millions de déplacés

• une aggravation de la famine et de l’épidémie de choléra

En Centrafrique, malgré les progrès enregistrés dans le processus de paix depuis le renversement de François Bozizé en 2013, les tensions persistent. M. Lacroix souligne que les efforts conjoints du gouvernement centrafricain et de la MINUSCA pour sécuriser les frontières restent entravés par l’instabilité croissante dans le nord-est.

🔍 Par ailleurs, à six mois des élections générales prévues en décembre, le climat politique reste tendu. Les divisions entre majorité et opposition pourraient compromettre cette échéance, pourtant essentielle pour renforcer la gouvernance démocratique et consolider la paix.

🧭 Le regard de Com d’Afrik

La porosité des frontières entre le Soudan et la Centrafrique illustre une réalité géopolitique préoccupante : les conflits internes ne connaissent plus de limites nationales.

Le risque de régionalisation du conflit soudanais devient tangible, avec une MINUSCA sous pression et un gouvernement centrafricain confronté à un double défi : garantir la sécurité de ses frontières tout en préparant des élections crédibles.

Dans ce contexte, l’engagement international devra aller au-delà des constats alarmants. Il s’agit désormais de renforcer les mécanismes d’anticipation des crises régionales, de soutenir les capacités locales de sécurité, et d’assurer une médiation politique active avant que l’effet domino ne compromette toute la sous-région.

À l’approche d’échéances électorales clés en RCA, la stabilisation du nord-est et le suivi strict des mouvements transfrontaliers seront des éléments déterminants pour éviter une nouvelle spirale de violences.