Le 7 mai dernier, le président de la République a annoncé la couleur en recevant les responsables des 104 partis politiques légalement reconn
Le 7 mai dernier, le président de la République a annoncé la couleur en recevant les responsables des 104 partis politiques légalement reconnus au Gabon : pour exister, un parti devra désormais répondre à des critères de représentativité plus exigeants. Il faudra au moins 5 parlementaires et 30 élus locaux pour maintenir son statut légal. Des propos qui ont immédiatement cadré les discussions en cours sur la révision de la loi 24/96 relative aux partis politiques, ainsi que sur le redécoupage électoral.
Ces réformes s’inscrivent dans le prolongement des recommandations issues du Dialogue national inclusif, et visent à rationaliser un paysage politique jugé trop éclaté. Pour être reconnu, un parti devra dorénavant rassembler au minimum 18 000 adhérents, disposer d’un siège officiel, d’un compte bancaire, d’une liste unique de membres, et surtout, s’inscrire dans l’un des quatre blocs idéologiques identifiés, avec une ligne politique claire.
L’objectif est clair : assainir la scène politique, en éliminant les partis de façade ou ceux créés pour des intérêts opportunistes. Une logique de professionnalisation est également à l’œuvre. Seuls les partis répondant aux critères de représentativité auront accès aux financements publics, désormais liés aux résultats électoraux. En parallèle, un plafonnement strict des financements privés est en cours d’étude, pour assurer plus d’équité et de transparence.
Autre mesure notable : les agents des forces de sécurité, les magistrats, les journalistes des médias publics et les religieux seront tenus à l’écart de toute activité politique, sauf s’ils sont en disponibilité. Une manière d’assurer une neutralité institutionnelle, parfois remise en cause dans le passé.
📝 Le regard de Com d’Afrik
Cette réforme marque une tentative sérieuse de redonner du crédit à la vie politique nationale. Depuis des années, l’inflation des partis sans base réelle ni vision claire nuisait à la lisibilité démocratique et à l’engagement citoyen. En imposant des critères de représentativité élevés, le gouvernement veut forcer les partis à se structurer, à se professionnaliser et à s’enraciner localement.
Cependant, ces nouvelles règles pourraient aussi faire disparaître une grande partie des partis existants, notamment ceux qui, malgré leur légitimité historique ou idéologique, peinent à traduire leur présence en résultats électoraux. Le risque est donc de favoriser les grands blocs au détriment de la diversité d’opinion, voire d’uniformiser la pensée politique.
À l’épreuve de la mise en œuvre, il faudra veiller à ce que cette réforme ne devienne pas un outil d’exclusion déguisé, mais une opportunité de refondation démocratique. Le pari est audacieux, mais nécessaire.
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