RDC : Joseph Kabila effectue un retour remarqué à Goma, en plein territoire sous contrôle du M23

Ce lundi, l’ancien président congolais Joseph Kabila est arrivé dans la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, aujourd’hui sous contrôle des rebelles du M23 et de leurs alliés présumés rwandais. Une visite hautement symbolique et politiquement chargée, saluée par les porte-paroles du mouvement rebelle comme « une présence bienvenue dans les zones libérées ».

Quelques jours plus tôt, dans un discours retransmis en direct sur YouTube (vendredi 23 mai), Joseph Kabila avait annoncé son intention de se rendre à Goma, tout en lançant de virulentes critiques contre la gouvernance du président en exercice, Félix Tshisekedi.

C’est la première prise de parole publique de l’ancien chef de l’État depuis 2019, dans un contexte où la situation sécuritaire à l’Est de la RDC reste extrêmement tendue, entre occupations armées, tensions diplomatiques avec le Rwanda, et crise humanitaire persistante.

🔍 Le regard de Com d’Afrik

Ce déplacement soulève plusieurs interrogations majeures.

Sur le plan politique, Joseph Kabila marque un retour stratégique sur la scène nationale, en choisissant un territoire sensible, sous l’emprise d’une rébellion armée, pour réapparaître médiatiquement. Ce geste peut être interprété comme une tentative de repositionnement, voire une volonté de reprendre la main dans le jeu politique congolais, à l’heure où les critiques contre l’actuel pouvoir s’intensifient.

Sur le plan sécuritaire, cette visite, saluée par les représentants du M23, soulève des inquiétudes. L’accueil accordé par les rebelles à un ancien président peut être perçu comme une normalisation implicite de leur présence, remettant en question la cohésion de l’État congolais et la légitimité des institutions officielles.

Enfin, cette situation interpelle sur l’urgence d’un règlement politique durable dans l’Est de la RDC. La population civile, prise en otage entre luttes d’influence, enjeux géopolitiques et promesses non tenues, attend des actes forts plutôt que des symboles.