Être producteur de pétrole ne garantit pas l’abondance de carburant. Le Niger, qui s’est lancé dans l’exploitation de l’or noir avec la Société ni
Être producteur de pétrole ne garantit pas l’abondance de carburant. Le Niger, qui s’est lancé dans l’exploitation de l’or noir avec la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep), en fait aujourd’hui l’amère expérience. Depuis début mars, une sévère pénurie d’essence paralyse le pays. L’unique raffinerie nationale, Soraz, peine à répondre à une demande intérieure en forte hausse, alors même que l’approvisionnement en carburant illégal en provenance du Nigeria s’est tari depuis la suppression des subventions par Abuja.
Le pays produit du pétrole depuis 2011 mais n’a jamais augmenté ses capacités de raffinage, laissant sa consommation dépendre en partie des importations. Avec des besoins estimés à 50 camions-citernes par jour, mais une production locale ne fournissant que la moitié, la tension sur l’approvisionnement s’accentue. Des stocks existent au port de Lomé (Togo), mais leur acheminement nécessite des escortes militaires pour traverser l’est du Burkina Faso, en proie à des attaques jihadistes.
La situation est aggravée par les tensions diplomatiques avec le Bénin, qui ont temporairement bloqué l’exportation du brut nigérien via l’oléoduc reliant Agadem au port béninois de Sèmè-Kpodji. De plus, la baisse des prix du carburant décidée par la junte du général Abdourahamane Tiani a boosté la demande intérieure, accentuant encore la pression sur l’offre disponible.
🔎 Le regard de Com d’Afrik
Cette crise énergétique expose les limites d’une stratégie pétrolière qui ne repose pas sur un véritable développement des infrastructures de raffinage et de distribution locale. Le Niger, à l’instar d’autres pays africains producteurs de brut, peine à transformer ses ressources naturelles en bénéfices concrets pour sa population. L’or noir ne suffit pas : sans politiques d’investissement durable et de diversification énergétique, la dépendance aux importations restera un facteur de vulnérabilité. Cette pénurie est un signal d’alerte pour l’avenir énergétique du pays et de la sous-région.
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