Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont opéré un tournant géopolitique majeur en se rapprochant de la Russie — marquant une rupture avec leurs anciens partenaires occidentaux — deux hauts responsables américains se sont rendus récemment dans la région pour relancer le dialogue, notamment sur les questions de coopération sécuritaire et de lutte antiterroriste.
Ce déplacement discret mais symbolique traduit une volonté claire de repositionnement diplomatique de Washington dans un espace sahélien désormais dominé par des régimes de transition militaire, en froid avec Paris et plus ouverts à Moscou.
🔎 Le regard de Com d’Afrik
Ce retour des États-Unis sur le devant de la scène sahélienne n’est pas anodin. Il révèle une reconfiguration silencieuse des rapports de force internationaux dans une région stratégique, riche en ressources, mais en proie à une instabilité chronique.
Face au vide laissé par le retrait progressif de la France et la montée en puissance des partenaires russes (officiels ou paramilitaires), Washington cherche à ne pas perdre totalement pied, en adoptant une approche plus pragmatique que normative.
Mais ce réengagement soulève plusieurs interrogations :
- Quelle crédibilité les États-Unis peuvent-ils encore avoir auprès de pouvoirs militaires souvent hostiles à l’ingérence occidentale ?
- Cette coopération sera-t-elle strictement sécuritaire, ou intégrera-t-elle des dimensions politiques et sociales plus larges ?
- Les populations sahéliennes verront-elles un changement réel, ou simplement un nouvel épisode du grand jeu diplomatique ?
Dans un Sahel sous tension, où le sentiment anti-occidental alimente les narratifs souverainistes, la finesse diplomatique comptera autant que la puissance militaire.