Depuis plus d’une décennie, le Gabon s’est engagé dans une succession de plans de développement ambitieux : Stratégie Gabon Émergent, Plan d’Accélération de la Transformation, PNCD (Plan national de Croissance et de Développement), et à plus long terme, l’Étude prospective Gabon 2050.
À chaque nouvelle feuille de route, une promesse renouvelée : transformation structurelle, croissance soutenue, diversification économique. Mais derrière les slogans, une constante persiste : le financement repose sur un endettement massif, souvent mal orienté.
📉 Le document de cadrage budgétaire 2026-2028 illustre ce paradoxe. Il prévoit une augmentation continue des dépenses d’investissement, alors même que les recettes hors pétrole ralentissent. Résultat : une dette publique projetée à 80 % du PIB en 2025.
Problème majeur : ces investissements ne ciblent pas systématiquement les secteurs productifs. Comme le souligne la Banque mondiale, ils demeurent volatils, mal planifiés et liés aux cycles pétroliers, sans réelle transformation visible du tissu économique.
🛠️ Pire encore, les projets s’accumulent sans hiérarchisation claire, ni évaluation rigoureuse. Le pays passe d’un plan à l’autre, sans retour d’expérience ni cohérence d’ensemble. La dette devient ainsi une finalité : on emprunte pour financer des plans… qui justifient de nouveaux emprunts.
📝 Le regard de Com d’Afrik
Ce que nous observons aujourd’hui, c’est une inversion dangereuse de la logique du développement.
Au lieu de bâtir une stratégie sur la base des capacités réelles, le Gabon s’endette d’abord, puis construit des projets autour de ces financements — souvent mal exécutés, inachevés ou peu rentables.
Le risque est systémique : l’endettement devient un outil politique, non économique. Il alimente un récit de transformation sans transformation réelle, avec à la clé une dette publique qui gonfle, sans impact tangible pour la population.
L’émergence ne peut être un slogan financé à crédit. Elle doit reposer sur :
- Des priorités claires,
- Des résultats mesurables,
- Une gouvernance axée sur la transparence et l’efficacité des dépenses.
Faute de cela, le pays ne construira ni sa croissance, ni son avenir, mais un mur de dettes qui finira par asphyxier l’économie réelle.