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Budget 2026 : vers une refondation de la dépense publique au Gabon

Le 30 juillet dernier, Henri-Claude Oyima a donné le coup d’envoi des conférences budgétaires 2026. Derrière cet exercice annuel en apparence technique, se profile une transformation en profondeur de la gouvernance financière du pays. L’objectif est clair : chaque franc public devra désormais être justifié sur la base de son utilité sociale, économique ou stratégique.

Ce tournant budgétaire annonce des arbitrages concrets qui impacteront les citoyens, les fonctionnaires, les entreprises et les collectivités.

🔍 Impôts : vers une fiscalité plus large que plus lourde
Pas de hausse annoncée des taux d’imposition, mais une volonté ferme d’élargir l’assiette fiscale. Le gouvernement vise les exonérations abusives, les activités informelles et les entreprises sous-déclarées. Les secteurs de la logistique, du BTP et du commerce seront particulièrement scrutés. La numérisation des paiements et la traçabilité deviendront la norme.

👨‍💼 Fonction publique : vers un modèle plus contractuel
Avec une masse salariale représentant plus de 45 % des dépenses de fonctionnement, l’État veut reprendre la main. Recrutements plus sélectifs, gel possible des avancements automatiques, mais aussi réflexion sur des primes au mérite et des contrats à objectifs. Une rupture progressive avec le modèle d’acquis automatiques.

🏗️ Projets locaux : la rentabilité sociale au cœur des priorités
L’État entend recentrer l’investissement sur des projets à fort impact (accès à l’eau, routes, écoles, santé). Les collectivités devront prouver la pertinence et la performance de leurs projets. Pour les promoteurs et entrepreneurs, cela implique une nouvelle rigueur dans la conception, le suivi et la justification des investissements publics.

📝 Le regard de Com d’Afrik

Cette réforme budgétaire marque un virage stratégique majeur. Elle n’est pas seulement comptable, elle est profondément politique. L’État gabonais cherche à restaurer sa crédibilité auprès des bailleurs et des marchés internationaux, en s’alignant sur les standards de transparence, de traçabilité et de performance.

Mais derrière cette ambition légitime se cache une tension : jusqu’où peut-on aller dans la rigueur sans sacrifier les impératifs de justice sociale ? Si l’État devient un « gestionnaire », qui portera encore les solidarités nationales ? La réforme annoncée gagnerait à être accompagnée de dispositifs de protection pour les plus vulnérables, faute de quoi elle risque d’amplifier les fractures.

La réussite de ce budget 2026 dépendra autant de sa rigueur que de sa capacité à inclure. C’est là tout l’enjeu de la nouvelle gouvernance publique au Gabon.

 

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