Par la Rédaction de Com D’Afrik
Libreville, juin 2025 – La dernière édition du Baromètre économique de la CEMAC, publiée par la Banque mondiale, dresse un portrait contrasté de l’économie des six pays membres (Cameroun, Tchad, Centrafrique, Guinée équatoriale, Gabon, Congo). Derrière les chiffres d’une croissance positive, les fragilités structurelles s’accumulent. L’heure n’est plus à l’autosatisfaction, mais à l’action urgente.
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🟢 Les signaux positifs : une croissance encore là…
•Le PIB régional a progressé de 3,0 % en 2024, contre 2,0 % en 2023. Le Cameroun (+3,5 %) et le Tchad (+3,7 %) mènent la marche, tirés par les exportations agricoles et la reprise du secteur non pétrolier.
•Le Gabon s’en sort aussi (+2,9 %), grâce à de nouveaux gisements et des investissements publics.
•L’inflation a reculé à 4 %, ouvrant la voie à un assouplissement monétaire initié par la BEAC dès mars 2025.
•La balance commerciale reste excédentaire, malgré la baisse des cours du pétrole.
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🔴 … mais des fragilités toujours plus criantes
•Croissance attendue en baisse à 2,4 % en 2025, avec des risques accrus liés à la chute des cours du brut et aux tensions commerciales mondiales.
•Endettement préoccupant : 72,5 % du PIB au Gabon, 93,5 % au Congo, bien au-dessus du seuil régional.
•Le déficit budgétaire de la zone est reparti à la hausse (-1,5 % du PIB en 2024).
•Le marché de la dette publique est asphyxié : taux d’intérêt élevés, souscriptions en chute libre, désintérêt pour les maturités longues.
•32,8 % de la population vit en extrême pauvreté (moins de 2,15 USD/jour). La situation est dramatique en RCA (65 %) et au Congo (47 %).
•L’économie reste trop dépendante des matières premières : le pétrole représente 64 % des exportations, avec une faible valeur ajoutée locale.
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⚠️ Ce que dit ce Baromètre, en creux
Derrière des chiffres globalement stables, le Baromètre met en évidence un modèle économique qui s’essouffle : trop peu diversifié, trop peu résilient, et surtout, peu inclusif. La croissance ne profite pas aux populations. Elle ne crée pas assez d’emplois décents. Et elle ne réduit pas significativement la pauvreté.
Les gouvernements dépensent plus, mais sans effet structurant visible. L’investissement dans le capital humain (éducation, santé) reste très faible. Les systèmes de protection sociale sont quasi inexistants. Et les jeunes, les femmes, les travailleurs informels restent les grands oubliés du développement.
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👁️ Le regard de Com D’Afrik
À Com D’Afrik, on ne se contente pas de lire les chiffres. On écoute ce qu’ils ne disent pas. Le Baromètre 2025 confirme ce que les populations ressentent depuis longtemps : la croissance ne suffit plus. Ce qu’il faut, c’est une transformation.
Les pays de la CEMAC n’ont plus le luxe d’attendre. Trop longtemps, l’Afrique centrale a misé sur l’extraction sans transformation. Il est temps de miser sur les gens : sur l’éducation, sur l’innovation, sur l’économie réelle, celle des femmes, des artisans, des startups, des PME.
Nous appelons à une nouvelle ambition. Pas seulement pour “stabiliser les indicateurs”, mais pour libérer le potentiel d’un peuple jeune, éduqué, ambitieux. La CEMAC a tous les atouts pour devenir une locomotive. Encore faut-il oser lâcher les vieilles recettes.
Car en 2025, la vraie question n’est plus : combien avons-nous grandi ?
Mais plutôt : pour qui avons-nous grandi ?