Gabon : Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, un militaire à la tête des Transports et de la Marine marchande

Le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, officier chevronné, diplômé en droit, stratégie militaire et histoire, vient d’être nommé ministre des Transports et de la Marine marchande dans le tout premier gouvernement de la Ve République gabonaise. Ce natif de Tchibanga, dans la province de la Nyanga, hérite d’un portefeuille stratégique dans un pays où les enjeux liés aux transports ferroviaires, maritimes et aériens sont aussi lourds qu’urgents.

À 49 ans, l’ancien ministre chargé de missions à la Présidence et ex-Porte-parole du CTRI, succède à Jonathan Ignoumba. Lors de la passation de charges, il a souligné l’importance de la continuité administrative, tout en promettant d’y insuffler sa rigueur militaire, son sens de l’écoute et son attachement à la concertation. Une approche nécessaire dans un ministère souvent secoué par des tensions internes et des attentes sociales fortes.

Les défis sont nombreux : de la relance de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) à la modernisation des infrastructures portuaires, en passant par la coordination des projets de mobilité aérienne et ferroviaire. Les dernières revendications des agents de la CNNII ne sont qu’un prélude aux multiples urgences de gouvernance et de restructuration qui l’attendent.

Formé dans plusieurs institutions de renom, du Prytanée militaire Charles Ntchoréré de Dakar à l’Académie royale militaire de Meknès, en passant par les écoles de guerre de Paris, Thiès, Libreville et même la Chine, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi combine une rare densité académique à une solide expérience du commandement. Il apparaît ainsi comme une figure de transition entre l’autorité militaire et les exigences de l’administration civile. Marié et père de quatre enfants, il cumule aussi plusieurs distinctions honorifiques.

🗣️ Le regard de Com d’Afrik

La nomination d’un militaire à un poste aussi technique et sensible que celui des Transports peut, à première vue, surprendre. Mais dans un Gabon en transition, ce choix semble répondre à une logique de discipline, d’efficacité et de rupture avec les lenteurs bureaucratiques. Toutefois, il ne suffira pas de rigueur pour apaiser les frustrations sociales et relancer des secteurs en panne.

Le colonel Manfoumbi devra démontrer qu’un militaire peut également exceller dans la gestion des services publics complexes, et répondre à des attentes socio-économiques pressantes. À lui de faire la preuve qu’il est l’homme de la situation, non seulement pour sa loyauté envers l’État, mais surtout pour sa capacité à transformer des institutions fatiguées en leviers de croissance. Ce ministère sera un test grandeur nature du modèle de gouvernance voulu par la Ve République.