Le 17 juillet 2025 à Oyem, la rencontre entre le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et les dirigeants du groupe minier français
Le 17 juillet 2025 à Oyem, la rencontre entre le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et les dirigeants du groupe minier français Eramet marque un tournant majeur dans la politique extractive du pays. Au-delà d’un simple échange protocolaire, cet événement officialise une décision stratégique forte : l’interdiction d’exporter du manganèse brut à compter du 1er janvier 2029.
Deuxième producteur mondial de manganèse, le Gabon refuse désormais d’être un simple exportateur de matières premières. L’objectif est clair : favoriser la transformation locale, créer de la valeur ajoutée et ancrer durablement la richesse minière dans l’économie nationale. La période de transition accordée laisse aux acteurs le temps de s’adapter, mais le message est sans équivoque : le temps du dumping minier est révolu, place à l’emploi, la technologie et la croissance locale.
Face à cette nouvelle donne, COMILOG, filiale locale d’Eramet, s’engage à renforcer ses investissements dans l’énergie, les infrastructures et la formation professionnelle. Parmi les engagements pris à Oyem : transformer deux millions de tonnes de manganèse par an sur le sol gabonais, créer plus de 16 000 emplois directs et indirects, gaboniser les postes stratégiques au sein de COMILOG et SETRAG, et construire une centrale électrique ainsi qu’un siège social au Gabon.
Ce choix fort rappelle la décision de 2010, lorsque le Gabon avait interdit l’exportation du bois en grumes, favorisant ainsi la création d’industries locales et la croissance économique. Le président Oligui Nguema l’a rappelé avec force : « Redonner au Gabon la maîtrise de ses ressources et faire de notre richesse naturelle une richesse nationale, partagée et transformée ici, chez nous. »
Le regard de Com d’Afrik
Cette étape symbolique est une victoire majeure pour la souveraineté économique gabonaise. Toutefois, derrière cette signature, le vrai défi commence : la mise en œuvre d’une véritable chaîne de valeur industrielle. L’engagement d’Eramet à investir localement est encourageant, mais il faudra que ces promesses se traduisent rapidement en actes concrets pour éviter que la transition ne reste qu’un vœu pieux.
L’accès à une énergie fiable et abondante, la formation qualifiée des ressources humaines, et la mise en place d’un cadre fiscal et social équilibré seront les piliers de cette transformation. L’histoire récente montre que les décisions de souveraineté, aussi audacieuses soient-elles, ne garantissent pas automatiquement le succès industriel sans un pilotage rigoureux et une volonté politique soutenue.
Ainsi, si Libreville a marqué un point important contre un géant minier, le chantier pour une industrialisation réelle, inclusive et durable est loin d’être achevé. Cette nouvelle ère doit être celle de l’exécution, de la transparence et de l’ambition partagée pour que les ressources naturelles du Gabon profitent réellement à ses citoyens.
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