Gabon : le marché de Nkembo, une clinique d’avortement à ciel ouvert

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Gabon : le marché de Nkembo, une clinique d’avortement à ciel ouvert

  À Libreville, dans le 2e arrondissement, le marché de Nkembo est devenu le lieu d’un commerce dangereux et illégal. Ici, des pilules abortive

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À Libreville, dans le 2e arrondissement, le marché de Nkembo est devenu le lieu d’un commerce dangereux et illégal. Ici, des pilules abortives sont proposées à la sauvette, sans ordonnance ni contrôle médical. Une activité clandestine où la vie de milliers de femmes est mise en jeu chaque jour.

Une activité à haut risque
Dans les allées du marché, des revendeurs improvisés interpellent à voix basse : « Ma chérie, tu cherches des médicaments pour avorter ? » Pour des prix variant généralement entre 20 000 et 50 000 FCFA, ils promettent des solutions miraculeuses à des femmes souvent en détresse. Or, derrière la promesse d’une interruption de grossesse rapide, se cachent des risques majeurs pour la santé, voire pour la vie.

Pour la Dr Ambounda Nathalie, gynécologue-obstétricienne et spécialiste en santé publique au CHUL, le danger est bien réel : « Les avortements non sécurisés sont réalisés hors de toute structure agréée, par des personnes non formées, avec des médicaments souvent contrefaits ». Les complications sont lourdes : hémorragies, infections, atteintes du foie et des reins, voire arrêts cardiaques.

Un fléau nourri par la précarité sociale
Cette activité prospère malgré la loi, alimentée par la précarité, la stigmatisation des grossesses non désirées, l’accès limité à la contraception ainsi que l’absence d’encadrement législatif clair autour de l’IVG. Les jeunes femmes, souvent isolées, choisissent alors le chemin du danger ultime.

Les chiffres du terrain parlent d’eux-mêmes : à Nkembo, la détresse devient commerce, tandis que la vie devient marchandise.

Le regard de Com d’Afrik

Pour Com d’Afrik, ce phénomène est plus qu’un simple drame de santé publique : c’est un symptôme profond des tensions sociales du Gabon moderne. Le commerce des pilules abortives à Nkembo traduit le poids du tabou autour de l’avortement, le déficit d’éducation à la santé reproductive, ainsi que le poids des inégalités sociales. Ce qui est en jeu ici, ce ne sont pas uniquement des vies isolées, mais la capacité du pays à construire une société où les femmes ont accès à une santé sécurisée, où le poids du regard des autres ne pousse pas à risquer la mort, où la loi devient un rempart pour protéger plutôt qu’un frein à l’accès à des soins sûrs.
Face à l’ampleur du phénomène, la solution ne peut plus uniquement reposer sur la répression, elle nécessite une refonte des dispositifs législatifs ainsi qu’une prise en charge médicale, sociale et psychologique digne du 21e siècle.

 

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