Avec l’arrivée de la saison sèche au Gabon, le recours aux produits éclaircissants, communément appelés « Kwanza », connaît une recrudescence
Avec l’arrivée de la saison sèche au Gabon, le recours aux produits éclaircissants, communément appelés « Kwanza », connaît une recrudescence notable. Dans un climat plus frais, sans pluie ni forte transpiration, les crèmes, gels et laits éclaircissants trouvent un terreau favorable, notamment auprès des jeunes femmes dans les salons de beauté de Libreville et sur les marchés locaux.
« C’est le moment idéal, sans soleil ni humidité excessive, la peau réagit mieux », confie une esthéticienne de Nzeng-Ayong. Pourtant, derrière cette quête esthétique se cachent des enjeux sanitaires majeurs, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation aux risques — infections cutanées, cancers de la peau, troubles pigmentaires.
Sur les réseaux sociaux, des influenceuses diffusent largement leurs routines « claire-peau », amplifiant la popularité du phénomène. Cette tendance traduit aussi une pression sociale et culturelle profonde : dans certains milieux, une peau claire reste associée à la beauté, au succès, voire au prestige, renforçant un idéal hérité de standards occidentaux.
Face à cette réalité, autorités et spécialistes appellent à une régulation plus stricte des produits éclaircissants et à des campagnes d’éducation valorisant la diversité des teints, en particulier pendant la saison sèche, quand le phénomène s’intensifie.
🟠 Le regard de Com d’Afrik
Au-delà de l’apparente simple question d’esthétique, le phénomène du « Kwanza » révèle une problématique socioculturelle complexe, reflet d’un héritage colonial encore pesant sur les représentations de la beauté au Gabon. La saison sèche agit ici comme un accélérateur, une fenêtre propice pour une pratique ancrée dans des normes implicites qui valorisent la clarté de la peau.
En tant que média indépendant, nous observons que cette quête de lumière sur la peau cache une véritable urgence de repenser les standards de beauté. Il ne s’agit pas seulement de lutter contre des produits dangereux, mais de déconstruire un imaginaire collectif qui continue de stigmatiser la pigmentation naturelle.
Le combat pour une beauté inclusive et respectueuse de toutes les carnations doit être prioritaire. Il exige une synergie forte entre pouvoirs publics, professionnels de santé, médias et influenceurs, pour faire émerger une nouvelle narration valorisant la richesse de la diversité gabonaise. Car c’est dans cette acceptation que réside l’avenir d’une société plus juste et plus saine.
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