Libreville, 7 juillet 2025 – C’est une page ambitieuse que le Gabon cherche à écrire avec la première édition du Gabon Economic Forum, lancée
Libreville, 7 juillet 2025 – C’est une page ambitieuse que le Gabon cherche à écrire avec la première édition du Gabon Economic Forum, lancée ce lundi à Libreville sous l’impulsion du Ministre d’État Henri-Claude Oyima, en partenariat avec la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG). Une journée inaugurale dense, lucide et déterminée, qui marque le lancement d’un chantier national de transformation économique.
Un diagnostic sans détour, un cap assumé
Le discours d’ouverture d’Henri-Claude Oyima, Ministre d’État en charge de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, Chargé de la Lutte contre la Vie Chère, a posé le cadre : croissance molle (2,5 % par an en moyenne), inflation persistante, déséquilibres budgétaires, dette fragile et dégradation du pouvoir d’achat. Autant de signaux qui justifient un changement de paradigme.
« Ce forum n’est pas une rencontre de plus. Il est une étape décisive vers une économie plus forte, plus souveraine, plus transformée », a martelé le ministre, s’inscrivant dans la vision du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Une volonté de rupture concrète
Le discours a été ponctué d’annonces fortes : fin progressive de l’exportation du manganèse brut (d’ici 2029), interdiction d’importation de poulet de chair à partir de 2027, création de cinq fonds stratégiques (agriculture, énergie, pêche, logement, infrastructures), audit du patrimoine public, rationalisation des subventions et des exonérations fiscales.
« Il ne s’agit pas d’annonces mais d’exécutions en cours », a insisté Oyima, plaçant la crédibilité de l’État au cœur du renouveau économique. L’ambition ? Bâtir un nouveau modèle de développement, capable de générer une croissance d’au moins 10 %, inclusive et résiliente.
Une séquence d’ouverture riche en symboles
Aux côtés du ministre d’État, plusieurs voix se sont élevées pour souligner l’urgence de bâtir ensemble. Le Vice-Président de la FEG a rappelé la responsabilité du secteur privé dans cette dynamique collective. Le Vice-Président du Gouvernement a quant à lui officiellement ouvert les travaux, insistant sur le caractère inclusif du forum et la nécessité de dépasser les approches technocratiques pour engager une mobilisation nationale.
Plénière inaugurale : croiser les savoirs, accélérer la rupture
La première session plénière, « Les voies d’une croissance à deux chiffres par la diversification économique », a rassemblé plusieurs économistes gabonais de renom, dont un expert de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique centrale. La session a également été marquée par la participation de Monsieur Léod Paul Batolo, Administrateur-Directeur général de la Comilog, acteur majeur du secteur minier. Sa présence a renforcé le poids stratégique de la décision d’interdire l’exportation de manganèse brut à l’horizon 2029.
Les échanges ont été denses et stratégiques, à la croisée des enjeux macroéconomiques et industriels.
Panels thématiques : penser l’action multisectorielle
Deux panels ont ensuite structuré les discussions :
Panel 1 : Quelle stratégie pour développer des secteurs à forte valeur ? Les secteurs de l’agriculture, du tourisme, de la pêche, du bois, des mines, du gaz, du numérique et de la transformation locale ont été passés en revue.
Panel 2 : Comment attirer des investisseurs directs, étrangers et nationaux ? Le débat s’est concentré sur l’environnement des affaires, la simplification réglementaire, les PPP et la digitalisation.
Travaux en ateliers : co-construire les leviers de changement
L’après-midi a été consacré à deux ateliers participatifs majeurs :
Atelier 1 – Le rôle des entreprises dans la diversification économique
Groupe A : Quelle stratégie pour bâtir un tissu de PME efficace dans l’industrie ?
Groupe B : Quel instrument de soutien à la politique industrielle locale ?
Atelier 2 – Réforme de la politique budgétaire
Groupe A : Quelle réforme fiscale stratégique pour renforcer la mobilisation des nouvelles recettes ?
Groupe B : Quelle stratégie pour une planification budgétaire pluriannuelle, crédible et alignée sur les objectifs de croissance ?
Objectif : faire émerger des propositions solides et opérationnelles pour nourrir le plan National de Croissance et de Développement (PNCD) 2026–2030.
Le regard de Com d’Afrik : Quand l’État écoute, la nation respire
Ce forum est bien plus qu’une vitrine. Il est un signal. Celui d’un État qui décide de partager la réflexion stratégique avec toutes les forces vives du pays. Celui d’un changement de méthode, privilégiant les bonnes questions plutôt que les fausses certitudes. Celui d’un moment charnière.
Mais cette ouverture n’aura de sens que si elle débouche sur une transformation tangible. Sur un pacte économique crédible, lisible, appliqué. Car le Gabon n’a plus le luxe de l’immobilisme.
Com d’Afrik salue cette volonté politique de rupture et de transparence. Le chemin sera exigeant, mais une chose est sûre : la transformation ne se décrète pas, elle se construit, ensemble.
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