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Avec la promulgation de la nouvelle Constitution issue de la loi référendaire n°002-R/2024, le Gabon s’est doté d’une nouvelle architecture institutionnelle, marquée notamment par deux innovations majeures : le rétablissement du poste de Vice-président de la République et la création inédite d’un Vice-président du gouvernement. Deux fonctions distinctes, aux rôles bien définis par les articles 48 à 52 et 69 de la nouvelle Loi fondamentale.
Désigné par le président de la République et non élu au suffrage universel, le Vice-président de la République agit comme un collaborateur direct, sans autonomie politique. Il intervient uniquement sur instruction du chef de l’État. Ses missions, sa durée de fonction, et même son silence institutionnel sont encadrés par des règles strictes : impossibilité d’exercer une autre fonction publique ou activité privée lucrative, serment de loyauté, et pouvoir d’action conditionné par une délégation expresse. Cette fonction est aujourd’hui occupée par Séraphin Moundounga, ancien ministre de la Justice.
En parallèle, la Constitution crée un nouveau rouage : le Vice-président du gouvernement, incarné par Alexandre Barro Chambrier. Ce dernier ne dirige pas le gouvernement, mais il en assure la coordination. Sans pouvoir hiérarchique ni obligation de rendre compte au Parlement, il incarne un poste de synchronisation et de fluidification de l’action gouvernementale, sous la direction exclusive du chef de l’État, qui reste seul maître à bord.
Ces deux postes témoignent d’une volonté présidentielle de réorganiser le pouvoir exécutif autour d’une gouvernance plus structurée, mais toujours recentrée. L’idée ? Gagner en lisibilité et en efficacité, sans céder une parcelle d’autorité exécutive.
🔎 Le regard de Com d’Afrik
Le retour du Vice-président de la République et la création du Vice-président du gouvernement posent une double question : sommes-nous face à un renouveau institutionnel ou à un renforcement du pouvoir hyperprésidentiel ? En tant que média, nous saluons l’effort de clarté structurelle et l’ambition d’efficacité administrative. Mais il est évident que ces postes restent avant tout des instruments au service du chef de l’État, sans réelle autonomie.
La réussite de cette réforme dépendra de la capacité de ces vice-présidences à incarner une gouvernance moderne, collaborative et productive, et non à s’enfermer dans un rôle de courroie d’exécution. Le Gabon a l’opportunité d’écrire une nouvelle page politique ; encore faut-il que ces fonctions trouvent une vraie utilité républicaine et ne deviennent pas de simples attributs décoratifs d’un pouvoir toujours vertical.
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