Prévu initialement le samedi 29 juin au Palais des Sports de Libreville, le lancement du nouveau parti du président Brice Clotaire Oligui Ngu
Prévu initialement le samedi 29 juin au Palais des Sports de Libreville, le lancement du nouveau parti du président Brice Clotaire Oligui Nguema a été repoussé au 5 juillet. Officiellement, ce report s’explique par le respect des cérémonies traditionnelles dans la province de l’Estuaire, selon un communiqué du 24 juin. Officieusement, des tensions internes émergent quant à la nature de ce nouvel outil politique ainsi que des débats juridiques majeurs.
Élu en avril en tant qu’indépendant, Brice Clotaire Oligui Nguema bénéficie du soutien de la majeure partie de la classe politique, rassemblée au sein du Rassemblement des Bâtisseurs. Ce socle, qui compte aujourd’hui 22 000 membres, 4 200 associations et 84 micro‑partis, est pensé comme un outil fédérateur pour tourner la page du passé. Pourtant, certains craignent qu’il ne devienne un lieu de recyclage des anciens cadres du PDG des Bongo.
Mais l’enjeu majeur est juridique. Selon l’article 82 du Code électoral de 2024, tout élu indépendant qui adhère à un parti reconnu perd automatiquement son mandat. Le député Jean‑Valentin Leyama souligne que cette disposition, en vigueur depuis 1996, a déjà été appliquée à de nombreux élus. Selon lui, Brice Clotaire Oligui Nguema, ayant été élu sans étiquette, tombe sous le coup de cet article.
De leur côté, les partisans du chef de l’État défendent une lecture différente du texte. Pour eux, la création d’un nouveau parti ne s’assimile pas à une adhésion à une formation existante, tandis que la Constitution – garantissant la liberté d’association ainsi que les règles relatives à la fin du mandat présidentiel – prévaut sur le code électoral.
Pour trancher ce débat, deux personnalités politiques, Thierry d’Argendieu Kombila et Jean‑Pierre Ndong Abessolo, ont déjà saisi la Cour constitutionnelle.
🔍 Le regard de Com d’Afrik
Pour Com d’Afrik, cet épisode traduit le défi majeur du Gabon post‑transition : bâtir un paysage politique où la loi devient le socle ultime du jeu démocratique. Le choix du président Oligui Nguema de créer une nouvelle formation s’inscrit dans une tentative de refondation du champ partisan, de rupture avec l’héritage du passé. Mais la ligne est ténue entre le renouvellement espéré et la reproduction des anciennes habitudes politiciennes. Le verdict de la Cour constitutionnelle sera crucial : il pourrait définir la norme du jeu démocratique à venir ainsi que le poids de la loi vis‑à‑vis du calendrier du chef de l’État. Au‑delà du cas Oligui Nguema, c’est la stabilité du paysage institutionnel du Gabon qui est aujourd’hui en jeu.
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