Chaque année, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) produit plus de 120 millions de mètres cubes d’eau potable. Pourtant, près de 50
Chaque année, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) produit plus de 120 millions de mètres cubes d’eau potable. Pourtant, près de 50 % de cette ressource précieuse se perd avant même d’arriver au robinet des Gabonais. C’est ce que révèle un audit récent réalisé par le groupe français Suez, mettant en lumière un gâchis industriel majeur dans un pays où des milliers de foyers restent encore privés d’eau courante.
Un diagnostic alarmant
Selon ce rapport rendu public le 15 juillet 2025, entre 110 et 125 millions de mètres cubes d’eau s’évaporent chaque année dans les réseaux vétustes, les fuites non réparées et l’absence de maintenance préventive. Ce constat sans appel montre que la moitié des investissements publics dédiés à l’eau potable se perd littéralement dans les tuyaux.
Malgré un partenariat public-privé de 200 millions d’euros signé en mai 2024 entre le Gabon et Suez pour moderniser les infrastructures des grandes villes, les résultats sur le terrain se font toujours attendre. Or, un réseau performant pourrait permettre de récupérer jusqu’à 90 % de l’eau produite, souligne le rapport.
Des investissements menacés par l’urbanisation chaotique
Les techniciens tirent la sonnette d’alarme : la croissance urbaine rapide et souvent désordonnée met à rude épreuve les installations existantes. L’inauguration récente d’une station de pompage de 57 600 m³/jour à Libreville, financée par la Banque africaine de développement, s’inscrit dans une volonté claire d’améliorer la distribution d’eau potable. Ce projet vise à reconnecter environ 300 000 habitants, mais il faudra plus que des infrastructures neuves pour endiguer le problème structurel des pertes.
Le regard de Com d’Afrik
Ce rapport révèle un défi majeur pour le Gabon : comment transformer un secteur vital en crise en une véritable réussite industrielle et sociale ? La SEEG, au cœur du dispositif, semble prisonnière d’un cercle vicieux où investissements importants ne riment pas encore avec efficacité accrue.
Au-delà de l’aspect technique, c’est aussi une question de gouvernance, de transparence et de planification à long terme qui est posée. L’urgence n’est plus seulement de financer des projets, mais de garantir la pérennité des infrastructures, d’instaurer un suivi rigoureux des fuites, et de sensibiliser les acteurs à la gestion durable de cette ressource vitale.
La bataille pour l’eau potable au Gabon est donc à la fois un enjeu d’ingénierie et de responsabilité collective, impliquant pouvoirs publics, opérateurs et citoyens. Tant que ces pertes colossales ne seront pas maîtrisées, le Gabon continuera de gaspiller une richesse qui devrait être au cœur de son développement.
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