Croissance à deux chiffres : entre volontarisme politique et prudence économique

Le gouvernement de transition dirigé par Brice Clotaire Oligui Nguema affiche une ambition forte : propulser la croissance économique du Gabon au-delà de 10 % dans les prochaines années. Un cap audacieux qui témoigne d’une volonté de rupture avec les performances économiques passées.

Mais dans sa Note de conjoncture économique 2025, la Banque mondiale tempère cet optimisme. Elle prévoit une croissance beaucoup plus modeste, autour de 2,4 % à l’horizon 2027, en l’absence de réformes structurelles profondes. Pour l’institution, les efforts actuels ne suffisent pas à enclencher une dynamique de transformation à grande échelle.

🪙 Des secteurs à fort potentiel, mais encore sous-exploités
Les ressources minières, la filière bois et l’agriculture restent les principaux moteurs pressentis de la croissance à moyen terme. Cependant, leur faible niveau de transformation locale limite leur impact sur l’ensemble de l’économie. Quant au pétrole, pilier historique du modèle gabonais, il s’inscrit désormais dans une phase de déclin structurel.

🔁 Réformer pour transformer
La Banque mondiale insiste : sans une diversification effective de l’économie et une transformation locale des ressources, le pays restera prisonnier d’une croissance molle. Il ne s’agit plus d’ajustements ponctuels, mais d’un changement de paradigme économique : politique industrielle cohérente, climat des affaires attractif, gouvernance renforcée… le chantier est vaste.

🧠 Le regard de Com d’Afrik

En tant que média engagé dans l’analyse stratégique des enjeux africains, Com d’Afrik observe une dynamique classique dans nombre de pays du continent : des ambitions politiques élevées confrontées à la réalité économique. Le discours de la croissance à deux chiffres, s’il galvanise les opinions, peut aussi se heurter à un mur d’inertie administrative, de dépendance aux matières premières et d’insuffisance en matière de gouvernance économique.

Le Gabon Economic Forum a envoyé des signaux forts en matière de rupture. Mais l’histoire économique nous enseigne qu’une trajectoire de croissance soutenue repose toujours sur trois piliers : stabilité, productivité, et compétitivité. Aujourd’hui, l’enjeu pour le Gabon n’est pas seulement de rêver à la croissance, mais de créer les conditions concrètes de sa réalisation durable.