Le 19 mai 2025, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu un arrêt majeur dans le différend frontalier opposant le Gabon à la Guinée éq
Le 19 mai 2025, la Cour internationale de Justice (CIJ) a rendu un arrêt majeur dans le différend frontalier opposant le Gabon à la Guinée équatoriale, portant sur la délimitation de leurs frontières terrestre et maritime, ainsi que sur la souveraineté des îles Mbanié, Cocotiers et Conga.
Loin d’une simple victoire ou défaite, cette décision reflète surtout la complexité des héritages coloniaux encore prégnants dans les relations africaines. En rejetant le traité de Bata de 1974 invoqué par le Gabon, la Cour a opté pour une lecture fondée sur le droit de succession d’États, reconnaissant les titres coloniaux espagnols comme légitimes dans l’attribution des îles.
Malgré cela, la Cour a également refusé de trancher la question maritime, préférant renvoyer les États à la négociation. Une issue diplomatique reste donc ouverte.
🎙️ Le regard de Com d’Afrik
En tant que média panafricain engagé, nous considérons que cette décision n’est pas une humiliation pour le Gabon, mais un rappel stratégique : celui de la nécessité pour les États africains de mieux documenter leur mémoire juridique et historique.
Le rejet du traité de Bata illustre les failles dans la gestion documentaire d’un État qui, depuis les années 60, peine à centraliser ses archives. Cette faiblesse chronique affecte sa crédibilité internationale. De l’autre côté, la reconnaissance de titres coloniaux, sans prise en compte des effectivités post-indépendance (comme la présence gabonaise sur Mbanié depuis 1972), souligne la limite d’un raisonnement strictement juridique dans un contexte postcolonial.
Les opinions divergentes des juges, notamment celles de Mónica Pinto et Dire Tladi, révèlent un malaise plus profond : la tendance de la CIJ à parfois dépasser son mandat, et à reconduire un cadre juridique inadapté aux réalités africaines.
Cet arrêt doit servir de levier, non pour raviver des tensions, mais pour renforcer une diplomatie proactive, fondée sur la mémoire, les faits et une stratégie de paix. L’Afrique n’a pas besoin de divisions artificielles, mais de souverainetés consolidées par la vérité historique et l’intelligence politique.
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