Burkina Faso : HRW dénonce des massacres à caractère ethnique dirigés par l’armée et les VDP

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Burkina Faso : HRW dénonce des massacres à caractère ethnique dirigés par l’armée et les VDP

  Dans un rapport publié ce 12 mai, Human Rights Watch (HRW) accuse les forces armées burkinabè et les Volontaires pour la Défense de la Patrie

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Dans un rapport publié ce 12 mai, Human Rights Watch (HRW) accuse les forces armées burkinabè et les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) d’avoir orchestré des massacres de civils peuls dans la région de Solenzo, au nord-ouest du Burkina Faso. L’opération militaire baptisée Tourbillon Vert 2, censée lutter contre les groupes armés terroristes, aurait dégénéré en exactions ciblées, selon l’ONG, avec plus d’une centaine de morts recensés.

Le rapport repose sur les témoignages de 27 survivants, originaires de la province des Banwa et de localités voisines. Des vidéos analysées par HRW montrent des VDP armés progressant parmi les cadavres et appelant ouvertement à l’extermination de la communauté peule, qui a souvent été suspectée — à tort ou à raison — de sympathies avec les groupes jihadistes.

Des témoins racontent des scènes d’horreur : des tirs indiscriminés sur des civils, des femmes et enfants tués dans leur fuite, et des vols de bétail. Le rapport affirme également que des hélicoptères et des drones militaires étaient présents, suggérant un pilotage direct par les autorités militaires.

Les autorités burkinabè ont pour leur part déclaré avoir repoussé une attaque terroriste et éliminé une centaine d’assaillants. Mais HRW évoque un usage disproportionné de la force et un ciblage ethnique systématique. Le rapport pointe un risque alarmant : l’opération aurait même déclenché une spirale de violences, avec des représailles du groupe jihadiste JNIM contre les civils après le retrait de l’armée dans la province voisine du Sourou.

🗣️ Le regard de Com d’Afrik

Si les forces de sécurité burkinabè sont confrontées à une guerre asymétrique contre des groupes terroristes particulièrement violents, le recours à des massacres de civils au nom de la sécurité nationale constitue une ligne rouge. Le rapport de HRW, même s’il doit être traité avec prudence et vérification, soulève de lourdes questions sur la stratégie militaire actuelle du Burkina Faso.

Le risque est évident : confondre les civils avec les ennemis revient à alimenter les tensions communautaires, à légitimer la propagande jihadiste et à faire le jeu des ennemis de l’État. Le drame de Solenzo ne peut être ignoré : il appelle à un examen rigoureux des pratiques de terrain et à une remise en question urgente du rôle des VDP, souvent mal encadrés, dans un contexte de polarisation ethnique croissante.

À l’heure où le pays tente de survivre à l’effondrement sécuritaire, il ne peut se permettre une guerre dans la guerre — celle des identités, des vengeances et de l’impunité.

 

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