Ce qui devait être une simple procédure judiciaire s’est transformé en un inquiétant feuilleton politico-judiciaire. L’affaire Hervé Patrick
Ce qui devait être une simple procédure judiciaire s’est transformé en un inquiétant feuilleton politico-judiciaire. L’affaire Hervé Patrick Opiangah révèle une dérive profonde : celle d’une justice instrumentalisée, où les principes de l’État de droit s’effacent derrière les intérêts du pouvoir en place.
Le rejet de la demande de non-lieu, malgré l’absence de preuves solides, l’inexistence d’une plainte valable et la rétractation de la victime présumée, illustre le glissement vers une justice à géométrie variable, soumise aux décisions politiques plutôt qu’à l’analyse des faits. Le Syndicat National des Magistrats du Gabon (SYNAMAG) dénonce d’ailleurs cette instrumentalisation, évoquant des instructions venues du sommet de l’État dans les dossiers sensibles.
Ce qui se joue ici dépasse le seul cas Opiangah. C’est la crédibilité même de l’appareil judiciaire gabonais qui vacille, dans un contexte où la libération de Sylvia Bongo et de son fils sur décision présidentielle vient renforcer le sentiment d’une justice « sur-mesure », selon les affinités ou les circonstances.
🟠 Le regard de Com d’Afrik
En tant que média d’analyse, Com d’Afrik alerte : la justice ne peut pas être le bras armé du politique sans compromettre l’essence même de la démocratie. L’affaire Opiangah est un révélateur : les institutions judiciaires, sans garde-fou ni indépendance réelle, deviennent des outils de régulation politique plutôt que des garantes des libertés fondamentales.
La séparation des pouvoirs, socle de toute République digne de ce nom, semble aujourd’hui théorique. Or, un pays où les citoyens ne peuvent faire confiance à la justice est un pays en danger démocratique. Si les magistrats eux-mêmes confessent leur impuissance face aux injonctions du pouvoir, alors il est urgent d’ouvrir un débat national sur l’autonomie réelle du système judiciaire.
L’enjeu n’est pas qu’individuel ou partisan : il est structurel, institutionnel et éthique. Car dans toute société moderne, la justice devrait pouvoir dire le droit — et rien que le droit — sans craindre le politique.
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