L’interview exclusive accordée par Christian Kerangall au quotidien L’Union le 22 juillet 2025 sonne comme un signal d’alarme dans la gouvernance du groupe BGFI. Longtemps discret, l’actionnaire historique sort de l’ombre pour dénoncer publiquement le processus d’introduction en bourse de BGFI Holding Corporation, prévue pour le 31 juillet.
S’il affirme rester fidèle aux valeurs fondatrices du groupe — loyauté et défense des intérêts de la banque — Christian Kerangall critique une dérive de la gouvernance et un dialogue rompu avec la direction actuelle. Il fait partie des 37,9 % d’actionnaires ayant voté contre cette opération stratégique lors de la dernière assemblée générale extraordinaire.
Selon lui, le projet d’IPO est précipité, mal préparé et risqué, surtout dans un contexte post-restructuration. Il pointe un manque de délibération formelle et une gestion trop centralisée qui, selon ses mots, s’éloigne des textes fondateurs de l’institution.
🔎 Le regard de Com d’Afrik
En tant que média spécialisé dans les dynamiques économiques africaines, nous voyons dans cette prise de parole une crise de gouvernance d’ampleur inédite au sein d’un groupe bancaire emblématique de la sous-région.
Loin d’être une simple divergence d’opinions, cette sortie médiatique publique révèle une fracture stratégique entre deux visions de l’avenir de BGFI. D’un côté, Henri-Claude Oyima, figure tutélaire du groupe et promoteur de l’IPO, incarne la volonté de faire entrer BGFI dans une nouvelle ère de financement et de transparence boursière. De l’autre, Christian Kerangall incarne la prudence, la continuité et une lecture plus conservatrice du risque dans un environnement économique encore instable.
Ce débat, bien que houleux, soulève une question essentielle : comment allier modernisation financière et stabilité institutionnelle dans les grands groupes africains ? Car au-delà du cas BGFI, cette tension reflète les défis structurels que rencontrent nombre d’entreprises africaines à l’heure d’ouvrir leur capital et de gagner la confiance des marchés.