Présentée comme une étape décisive vers la souveraineté énergétique du Gabon, l’acquisition des actifs gabonais de Tullow Oil par la Gabon Oi
Présentée comme une étape décisive vers la souveraineté énergétique du Gabon, l’acquisition des actifs gabonais de Tullow Oil par la Gabon Oil Company (GOC) semble aujourd’hui compromise.
D’après des révélations de Africa Intelligence reprises par Insidenews241, l’opération, estimée à 180 milliards FCFA, serait suspendue, en raison de difficultés financières.
Au cœur du blocage : Gunvor, le trader suisse chargé de structurer le financement, n’aurait pas encore pu mobiliser les fonds nécessaires. Ce retard remet en cause l’ensemble du projet.
Cette acquisition devait permettre à la GOC, bras pétrolier de l’État, de renforcer son portefeuille et de concrétiser la politique de « gabonisation » des ressources prônée depuis 2020.
📰 Le regard de Com d’Afrik
Ce revers souligne un paradoxe de fond : comment prétendre à la souveraineté énergétique sans disposer de leviers financiers autonomes ?
Malgré une volonté politique affirmée et des ambitions stratégiques répétées, la GOC reste structurellement dépendante d’intermédiaires financiers étrangers. Ce modèle, basé sur des partenariats d’opportunité plutôt que sur une vision à long terme, expose dangereusement la stratégie nationale à des imprévus.
Le cas Tullow n’est pas isolé. Il s’ajoute à une série de signaux faibles qui révèlent la fragilité de l’architecture financière et institutionnelle autour de la gestion des ressources pétrolières nationales.
Au-delà de la suspension d’un projet, c’est la crédibilité de la politique énergétique gabonaise qui est ébranlée. Le manque d’anticipation, d’outils de financement souverains et de gouvernance transparente donne une image d’improvisation. Dans un contexte de transition politique et économique, ce type d’échec risque de refroidir les partenaires stratégiques et d’affaiblir l’attractivité du secteur.
Il devient donc urgent de réinventer un modèle économique robuste pour la GOC, fondé sur une meilleure autonomie, des partenariats équilibrés, et une gouvernance alignée sur les standards internationaux. Faute de quoi, la « souveraineté énergétique » restera un slogan vide.
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