Majorité présidentielle : gare au bis repetita !

Le week-end dernier, Alexandre Barro Chambrier, président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), a lancé un appel à la constitution d’une majorité présidentielle unie. Cette alliance regrouperait alliés et soutiens du chef de file de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), Brice Clotaire Oligui Nguema. Mais cet appel s’accompagne d’un avertissement clair : il faut impérativement tirer les leçons du passé.

« Nous réaffirmons ici la disponibilité du RPM à coopérer pleinement avec ce nouvel instrument politique, dans une majorité présidentielle dont les fondements doivent radicalement se démarquer des errements du passé », a-t-il insisté. Des propos lourds de sens. En effet, dans un passé récent, la galaxie présidentielle sous Ali Bongo Ondimba s’était fracturée. Le Parti démocratique gabonais (PDG), alors locomotive incontestée, monopolisait les postes stratégiques et les positions clés au Parlement, reléguant ses alliés au second plan.

Cette situation avait engendré frustrations et divisions, dénoncées notamment par Jean-Boniface Assélé, président du Centre des libéraux réformateurs (CLR), dont la candidature présidentielle avait été invalidée pour des raisons administratives controversées.

Si la future majorité présidentielle, évoquée dans le sillage de la création de l’UDB, voit le jour, elle doit absolument éviter de reproduire ces mêmes travers, surtout avec l’afflux d’anciens « pdgistes » et opportunistes qui pourraient fragiliser sa cohésion.

Le regard de Com d’Afrik

L’appel à une majorité présidentielle forte et unie est compréhensible dans une dynamique de consolidation politique. Cependant, la mémoire collective gabonaise garde en tête les tensions et déséquilibres du passé, où la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul parti avait déséquilibré l’équilibre politique et affaibli la cohésion des alliés.

Pour qu’une nouvelle majorité présidentielle soit pérenne, elle devra impérativement s’appuyer sur des bases transparentes, démocratiques et inclusives. Cela implique un partage équitable des responsabilités et des postes, mais aussi une gouvernance respectueuse des diversités politiques et des sensibilités internes.

La vigilance citoyenne devra être accrue pour éviter que l’histoire ne se répète, et que ce regroupement ne devienne un instrument d’exclusion plutôt qu’un moteur de progrès. La construction d’un climat de confiance, de respect mutuel et de responsabilisation doit être au cœur de cette démarche, sous peine de voir rapidement émerger des fractures internes préjudiciables à la stabilité politique.