Annoncée en grande pompe comme une mesure sociale emblématique de la Transition, la décision du président Brice Clotaire Oligui Nguema de pla
Annoncée en grande pompe comme une mesure sociale emblématique de la Transition, la décision du président Brice Clotaire Oligui Nguema de plafonner le prix de la bouteille de gaz domestique à moins de 5 000 FCFA se révèle aujourd’hui extrêmement coûteuse pour l’État gabonais. Avec un montant total de subvention estimé à 270 milliards FCFA, cette mesure pèse lourd dans un contexte budgétaire déjà tendu.
Un dispositif généreux mais peu ciblé
Ce soutien bénéficie indistinctement à tous les ménages, sans prise en compte des revenus, diluant ainsi son impact social. Cette dépense absorbe une part importante des ressources publiques, au détriment d’autres secteurs clés comme la santé, l’éducation ou encore la réduction des arriérés de paiement. À ce jour, aucune mesure d’accompagnement ou d’évaluation d’impact n’a été communiquée, et aucune stratégie claire de sortie de cette subvention n’apparaît dans les projections officielles 2026–2028.
Des conséquences lourdes sur la filière gaz
Les opérateurs de distribution, particulièrement fragilisés, subissent des retards de paiement qui menacent la pérennité de leur activité. Les difficultés d’approvisionnement et le manque d’investissements logistiques risquent d’entraîner une réduction des volumes distribués, voire un retrait du marché pour certains acteurs, fragilisant ainsi une filière pourtant stratégique.
Une distorsion durable du marché énergétique
Cette subvention massive crée une distorsion profonde dans le marché du gaz domestique, freinant l’émergence de solutions alternatives plus durables. Par ailleurs, sa dimension politique rend toute réforme future difficile, renforçant un statu quo peu soutenable. À moins d’une réforme en profondeur, le dispositif risque de compromettre la viabilité financière de l’État tout en perpétuant une consommation sans conditions.
Le regard de Com d’Afrik
Cette subvention, aussi généreuse soit-elle, illustre un dilemme classique : comment concilier urgence sociale et responsabilité économique ? Dans un Gabon où les ressources publiques restent limitées, maintenir un dispositif aussi coûteux sans ciblage précis revient à sacrifier des investissements structurants sur l’autel du court terme.
L’absence de suivi rigoureux et de stratégie claire place l’État dans une position délicate, face à un secteur de l’énergie domestique en souffrance et à un marché faussé. Il est urgent d’instaurer des mécanismes intelligents, ciblés et transparents, qui protègent les plus vulnérables sans hypothéquer l’avenir budgétaire du pays.
Au-delà du geste social, cette situation appelle à une réflexion stratégique sur la gestion des subventions et la transformation du secteur énergétique gabonais. Il s’agit d’un véritable enjeu de gouvernance, de durabilité économique et de justice sociale.
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