Le 4 juin 2025, le Gabon a officiellement décidé de stopper l’exportation brute de ses matières premières stratégiques — manganèse, fer, lith
Le 4 juin 2025, le Gabon a officiellement décidé de stopper l’exportation brute de ses matières premières stratégiques — manganèse, fer, lithium, cobalt et or. Cette décision, confirmée par le président lors de sa visite à Washington, s’inscrit dans une ambition claire : transformer localement ces ressources, créer des emplois et générer une valeur ajoutée significative pour répondre à une demande énergétique de 9 GW.
⚠️ Pourtant, ce virage industriel soulève plusieurs défis majeurs. La transformation locale nécessite d’importants investissements dans les infrastructures, l’énergie, la formation et les capacités techniques. À ce jour, le réseau énergétique gabonais manque encore de densité pour soutenir un tel saut industriel.
L’exemple de l’Indonésie, qui a su attirer des partenaires industriels en structurant un cadre fiscal incitatif et une vision à long terme, montre qu’un simple interdit ne suffit pas. Sans une chaîne logistique fiable, un coût de l’énergie compétitif et une main-d’œuvre qualifiée, la promesse de transformer 12 millions de tonnes de manganèse reste incertaine.
🔍 Le regard de Com d’Afrik
Cette interdiction d’exportation brute reflète une volonté légitime d’indépendance économique et de montée en gamme industrielle. Toutefois, elle fait courir au Gabon le risque d’un décalage entre ambition et réalité. Sans une stratégie industrielle cohérente, avec des politiques claires d’innovation, des incitations ciblées et une gouvernance transparente, cette mesure pourrait freiner l’investissement, voire isoler le pays sur le marché mondial.
Dans un contexte de concurrence mondiale sur les minerais critiques, l’agilité réglementaire et la prévisibilité sont clés. Le Gabon doit bâtir ses fondations industrielles et énergétiques avant de prétendre à une transformation ambitieuse. Sinon, cette souveraineté économique, si elle n’est pas appuyée par un dispositif solide, pourrait vite devenir un piège à croissance.
Le défi est donc double : concilier une posture souverainiste avec une ouverture pragmatique qui favorise partenariats, innovation et stabilité. Le Gabon est à la croisée des chemins ; le succès dépendra de sa capacité à aligner ambition politique et réalité économique.
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