En juillet 2024, l’État gabonais prenait une participation stratégique de 35% dans Agro Business Group (ABG), héritier de SIAT Gabon, avec l’
En juillet 2024, l’État gabonais prenait une participation stratégique de 35% dans Agro Business Group (ABG), héritier de SIAT Gabon, avec l’ambition claire de préserver 800 emplois, moderniser les infrastructures et apurer les dettes sociales. Pourtant, un an plus tard, la situation sur le terrain, notamment à Mitzic, est alarmante : arriérés de salaires pouvant atteindre quatre mois, conditions de travail dégradées et tensions sociales persistantes.
Cette prise de contrôle étatique devait marquer un tournant, mais les promesses tardent à se matérialiser. Malgré la présence de représentants publics au conseil d’administration, la gouvernance partagée semble souffrir d’un manque de coordination et d’une gestion opérationnelle défaillante, avec des décisions souvent éloignées des réalités locales.
Pire, les dysfonctionnements liés aux ressources humaines – retards de paiement, non-respect des droits sociaux, absence de dialogue – persistent, creusant un fossé entre les engagements affichés et la réalité vécue par les travailleurs.
Face à cette crise, l’intervention récente du ministre Patrick Barbera Isaac vise à calmer les tensions et réaffirmer l’engagement gouvernemental. Mais la question demeure : combien de temps l’État peut-il continuer à gérer les conséquences d’un modèle de gouvernance hybride où le contrôle et la supervision opérationnelle font défaut ?
Le regard de Com d’Afrik
Ce cas illustre parfaitement le piège dans lequel peut tomber un État investisseur sans disposer d’une capacité robuste de contrôle et de pilotage des entreprises publiques ou à participation publique. L’entrée au capital ne suffit pas ; il faut une gouvernance claire, transparente, et surtout une gestion de proximité pour répondre efficacement aux enjeux sociaux.
L’échec d’ABG montre que la dynamique industrielle ne peut se construire sans un accompagnement humain et managérial renforcé. Le spectre d’un double coût – investissement financier et gestion des crises sociales – pointe un besoin urgent de réformer les mécanismes de supervision étatique. Pour éviter que les fonds publics ne deviennent une simple caution, il est essentiel que l’État impose des normes strictes de responsabilité sociale et opérationnelle.
À Mitzic, la leçon est claire : moderniser l’agriculture gabonaise passe autant par l’investissement que par un engagement sincère envers les hommes et femmes qui font vivre cette filière.
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