Nzeng-Ayong : déguerpissements — quand le loisir et la mémoire collective sont sacrifiés au nom de l’urbanisme

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Nzeng-Ayong : déguerpissements — quand le loisir et la mémoire collective sont sacrifiés au nom de l’urbanisme

  Dans le cadre des opérations de déguerpissement menées à Libreville, le quartier de Nzeng-Ayong vient de perdre l’un de ses lieux de vie embl

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Dans le cadre des opérations de déguerpissement menées à Libreville, le quartier de Nzeng-Ayong vient de perdre l’un de ses lieux de vie emblématiques : Les Retrouvailles, haut lieu de convivialité, de commerce de proximité et de sociabilité urbaine.

🎯 Officiellement, cette opération vise à faciliter l’achèvement du canal pluvial censé résoudre les problèmes chroniques d’inondations. Mais pour de nombreux riverains, c’est surtout la brutalité du procédé et le silence des autorités qui choquent.

Les marques rouges « À démolir sans délai » apposées sur les murs, sans concertation, sans accompagnement, réveillent des blessures encore fraîches dans d’autres quartiers déjà touchés par des déguerpissements similaires. À Nzeng-Ayong, les commerçants, les habitants et les riverains ont démonté eux-mêmes leurs installations, souvent dans l’urgence, par crainte de tout perdre.

💬 « On est d’accord pour la modernisation. Mais pas au prix de notre dignité », résume un commerçant du secteur.

📰 Le regard de Com d’Afrik

L’affaire de Nzeng-Ayong est révélatrice d’un urbanisme qui peine à concilier efficacité technique et justice sociale. Certes, les enjeux d’assainissement et de réhabilitation des infrastructures sont cruciaux pour une capitale en pleine mutation. Mais la méthode interroge : peut-on bâtir une ville moderne sans les citoyens ? Sans dialogue, sans préavis, sans relogement ?

Ce lieu qu’on appelait Les Retrouvailles n’était pas qu’un espace de loisir, c’était un marqueur d’identité urbaine, un microcosme économique et un refuge populaire. En le détruisant sans alternative, c’est une part de la mémoire sociale que l’on efface à coups de pelleteuse.

🔎 La vraie modernité ne se mesure pas seulement à la qualité des routes ou des canaux. Elle se mesure aussi à la manière dont une société protège ses plus vulnérables en période de transition. Libreville change — mais il appartient aux autorités de veiller à ce que le progrès n’exclue pas ceux qu’il prétend servir.

 

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