Affaire Ali Bongo Ondimba : une audition à Paris qui interroge la justice, les droits humains et le rôle des États

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Affaire Ali Bongo Ondimba : une audition à Paris qui interroge la justice, les droits humains et le rôle des États

  Ce mardi 1er juillet 2025, l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba a été auditionné à Paris par deux juges d’instruction du pôle spécia

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Ce mardi 1er juillet 2025, l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba a été auditionné à Paris par deux juges d’instruction du pôle spécialisé dans les crimes contre l’humanité. Une audition rendue possible suite à une plainte déposée en mai 2024, dans laquelle il dénonce sa séquestration arbitraire après le coup d’État du 30 août 2023, ainsi que des actes de torture présumés sur son épouse Sylvia Bongo (de nationalité française) et leur fils Noureddin Bongo Valentin.

Cette procédure s’inscrit dans le cadre de la compétence universelle du droit français, qui autorise la poursuite de crimes graves, même commis à l’étranger, lorsqu’une victime est de nationalité française ou que certaines conditions sont réunies.

Entendu en qualité de partie civile, Ali Bongo ne fait l’objet d’aucune mise en cause. Ce statut lui permet de participer à l’instruction, d’accéder au dossier et de formuler des demandes d’actes. Il ne constitue en rien une reconnaissance de culpabilité de la part des autorités judiciaires françaises.

En toile de fond : des faits d’une gravité exceptionnelle – torture, séquestration, traitements inhumains – que les juges vont désormais instruire, en toute indépendance.

🔍 Le regard de Com d’Afrik

Au-delà des lectures politiques immédiates, cette affaire met en lumière plusieurs dynamiques de fond :

  • Une internationalisation croissante du contentieux des droits humains : En saisissant la justice française, Ali Bongo et ses conseils traduisent une réalité de plus en plus visible dans les États africains — celle d’un recours extérieur face à une perception (réelle ou supposée) d’inefficacité ou de partialité de la justice nationale.
  • Un test pour la Cinquième République gabonaise : Depuis l’élection démocratique du président Brice Clotaire Oligui Nguema en avril 2025, le Gabon est sorti du régime transitoire. Cette affaire survient dans un État réorganisé, doté d’institutions nouvelles et d’un discours affirmé sur l’État de droit. Dès lors, elle pose la question suivante : le système judiciaire gabonais est-il prêt à garantir une justice indépendante, même lorsqu’elle concerne ses plus hauts responsables passés ou présents ?
  • Une relecture nécessaire du rôle du droit dans la consolidation démocratique : Cette procédure illustre que la justice ne doit pas être instrumentalisée — ni comme outil de revanche, ni comme bouclier d’impunité. Elle doit rester l’arbitre ultime dans un État régi par des lois et non par des hommes.
  • Un précédent africain ? : L’affaire Ali Bongo, menée en dehors des frontières nationales, pourrait faire date. Elle questionne le rapport qu’entretiennent les États africains avec leurs institutions judiciaires, et leur capacité à traiter, en interne, les contentieux les plus sensibles avec équité, transparence et rigueur.

👉 Dans une démocratie, le recours à la justice est un droit. La solidité d’un État ne se mesure pas à la puissance de ses discours, mais à la crédibilité de ses institutions.

 

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