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Réforme politique : le Gabon fixe à 10 000 le nombre minimal d’adhérents pour créer un parti

 

C’est officiel : depuis le 27 juin 2025, le paysage politique gabonais se structure autour d’un nouveau socle légal. Avec la promulgation de la loi n°016/2025, tout parti politique souhaitant obtenir une existence légale devra désormais justifier d’un minimum de 10 000 adhérents, répartis sur l’ensemble du territoire national.

Ce chiffre, issu d’un long processus consultatif – passant de 18 000 lors du dialogue national à un compromis final validé à 10 000 – vise à assainir le champ politique en écartant les formations opportunistes ou à vocation strictement régionale.

Le texte encadre aussi rigoureusement le processus de légalisation. Pour être enregistré, chaque parti devra fournir une liste d’adhérents contenant des informations précises (dont le Numéro d’Identification Personnelle – NIP) et démontrer une implantation effective dans les neuf provinces du pays. Le ministère de l’Intérieur disposera de 60 jours ouvrés pour instruire chaque dossier.

Par ailleurs, l’instabilité politique liée aux transhumances partisanes est encadrée : tout élu quittant son parti devient automatiquement indépendant jusqu’à la fin de son mandat, sans possibilité de rallier une autre formation.

🟠 Le regard de Com d’Afrik

Cette réforme marque une rupture nette avec l’ère des partis “papier”, souvent créés à des fins électoralistes ou clientélistes. Le seuil de 10 000 adhérents imposera désormais aux formations politiques une représentativité réelle, nationale et quantifiable.

Mais si l’intention est claire – renforcer la légitimité des partis –, cette nouvelle exigence pourrait aussi resserrer le spectre démocratique en rendant l’accès au jeu politique plus contraint pour les mouvements émergents ou alternatifs. La question cruciale sera donc celle de l’équilibre entre assainissement et pluralisme.

Reste aussi à évaluer la capacité technique et logistique de l’État à vérifier l’authenticité des adhésions, à l’ère du numérique et des bases de données sensibles. Car un mécanisme aussi ambitieux devra s’appuyer sur des garanties de transparence, de traçabilité et de sécurité des données citoyennes.

Le texte met les partis face à une obligation de structuration rigoureuse : une avancée majeure pour certains, une barrière pour d’autres. L’avenir politique gabonais s’écrira désormais avec des formations enracinées… ou pas du tout.

 

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