« La chambre rouge de Wagner : quand les mercenaires russes exhibent leurs crimes sur Telegram ». C’est ainsi que Jeune Afrique a titré son enquête publiée mardi, révélant des faits extrêmement choquants. Le média a infiltré pendant des mois une chaîne privée du groupe Wagner, aujourd’hui intégré à l’Africa Corps contrôlé par Moscou. Tortures, exécutions extrajudiciaires, racisme affiché sans retenue… tout y est documenté par les mercenaires eux-mêmes.
La chaîne, baptisée « Oncles blancs en Afrique 18+ », est gérée par un ex-militaire russe ayant servi chez Wagner. Le racisme y est explicite : les jihadistes y sont qualifiés de « Peuls puants », tandis que les soldats maliens alliés du groupe sont réduits à des insultes tels que « charbon » ou « nègres ».
Une chanson postée sur le canal va jusqu’à scander : « Un bon nègre est un nègre mort ».
Les images partagées sont à la fois insoutenables et extrêmement violentes : une mère et ses deux enfants pendus à un arbre, des têtes humaines plantées à l’entrée d’un pont, des victimes empalées sur les branches d’un acacia, ainsi qu’une scène où un homme, mutilé, est achevé avant d’être décapité. Le plus glaçant reste que ces images récoltent des commentaires enthousiastes ainsi que des « likes ».
Jeune Afrique a ainsi recensé 322 vidéos et 647 photos, détaillant de manière précise les exactions commises par Wagner et révélant la complicité indirecte des forces maliennes alliées.
Plusieurs faits avaient déjà été signalés par RFI, notamment le massacre de 28 civils (femmes et enfants inclus) à proximité de Tessalit en février dernier.
Les autorités de transition maliennes continuent de nier catégoriquement la présence du groupe Wagner au Mali, rejetant toutes les accusations comme des tentatives de nuire à l’image de l’armée nationale.
🔍 Le regard de Com d’Afrik
Pour Com d’Afrik, cette enquête met en lumière une réalité glaçante, trop longtemps reléguée au rang de rumeurs malgré l’accumulation de témoignages concordants. Au-delà de l’horreur brute des faits révélés, elle souligne l’absence de contrôle, de règles et de responsabilité lorsqu’une force paramilitaire étrangère est autorisée à opérer sans cadre précis. Ce scandale majeur invite à s’interroger sur le poids du choix sécuritaire du Mali, ainsi que sur la manière dont la souveraineté du pays est utilisée pour masquer des exactions que l’on tente de reléguer à la propagande ou à la diffamation. Le Mali, l’Afrique, mais aussi la Russie elle-même, devront tôt ou tard répondre de tels actes, à la fois vis-à-vis de leur peuple que de l’Histoire.