Diplomatie régionale : Ousmane Sonko, artisan d’un nouvel équilibre ouest-africain ?

Depuis sa nomination au poste de Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko semble bien décidé à jouer un rôle actif dans la pacification et la reconfiguration politique de l’Afrique de l’Ouest. En l’espace de quelques jours, il s’est rendu successivement au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en Guinée, engageant des discussions sensibles dans un contexte régional tendu, notamment entre Abidjan et Ouagadougou.

Lors de ces visites, Sonko a évoqué une possible collaboration sécuritaire avec le Burkina Faso pour lutter contre le terrorisme, et n’a pas hésité à rencontrer le président Alassane Ouattara, tout en saluant l’opposant Laurent Gbagbo. Des gestes symboliques, mais lourds de sens, qui font réagir jusque dans les rangs de l’opposition sénégalaise.

Ces prises d’initiative suscitent des questions sur la répartition des rôles au sommet de l’État sénégalais. Sonko, chef du parti Pastef et figure centrale du changement politique au Sénégal, brouille volontairement les lignes classiques entre politique intérieure et diplomatie présidentielle.

📰 Le regard de Com d’Afrik :

Ousmane Sonko réinvente la posture du Premier ministre africain. Loin d’un rôle administratif, il s’affirme comme un acteur diplomatique à part entière, capable de parler aux dirigeants comme aux peuples, aux putschistes comme aux démocrates.

Sa capacité à dialoguer à la fois avec les régimes militaires de l’AES et avec des figures établies comme Alassane Ouattara ou Laurent Gbagbo, traduit une stratégie subtile de panafricanisme pragmatique. Ce positionnement pourrait faire du Sénégal un pivot diplomatique dans une région fragmentée entre tensions sécuritaires, enjeux démocratiques et recompositions géopolitiques.

Cependant, cette dynamique soulève une question cruciale : la complémentarité Diomaye–Sonko est-elle pérenne ou sous tension ? Pour l’heure, le tandem semble fonctionner, mais l’équilibre institutionnel devra être constamment ajusté pour éviter les frictions de pouvoir. Une chose est certaine : Ousmane Sonko veut peser, bien au-delà des frontières sénégalaises.