Le Mali, le Burkina Faso et le Niger – regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) – amorcent un virage politique inédit et radi
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger – regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) – amorcent un virage politique inédit et radical. En s’appuyant sur la suppression des partis politiques, la mise en pause des élections et le musellement progressif des médias indépendants, les régimes militaires de Tiani, Traoré et Goïta construisent peu à peu un modèle autoritaire assumé, à contre-courant des dynamiques démocratiques du continent.
Ce projet, qui s’apparente à une révolution réactionnaire, alimente les comparaisons avec l’Érythrée, souvent qualifiée de « Corée du Nord de l’Afrique » pour sa fermeture politique extrême et son isolationnisme assumé.
🎯 Loin d’être marginal, ce positionnement séduit une frange importante des jeunesses sahéliennes, nourries par un sentiment anti-français désormais profondément ancré, en particulier dans les anciennes colonies. Ce rejet dépasse les frontières de l’AES : au Gabon, lors de l’investiture du président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, les huées visant Emmanuel Macron et le député français Benjamin Haddad en étaient l’illustration sonore.
🧭 Le regard de Com d’Afrik
L’AES expérimente une rupture géopolitique majeure dans le paysage postcolonial africain.
Ce que certains voient comme une émancipation stratégique, d’autres l’interprètent comme une glissade vers un autoritarisme durable, où l’État de droit devient secondaire face à une logique de souveraineté absolue.
Le parallèle avec l’Érythrée n’est pas anodin. Comme à Asmara, les régimes sahéliens semblent construire un récit national fondé sur la résistance et la défiance vis-à-vis de l’extérieur, justifiant la restriction des libertés par l’urgence sécuritaire et identitaire. Cette trajectoire, si elle n’est pas rééquilibrée par des contre-pouvoirs internes, pourrait durcir durablement le climat politique, avec des conséquences sur la liberté d’expression, la cohésion sociale et la stabilité régionale.
Le défi est immense : réconcilier souveraineté et démocratie, indépendance et inclusion. Une équation que peu de régimes ont su résoudre sans basculer dans la répression.
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