Économie gabonaise : Henri-Claude Oyima, entre crédibilité financière et conflit d’intérêts latent ?

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Économie gabonaise : Henri-Claude Oyima, entre crédibilité financière et conflit d’intérêts latent ?

  Nommé ministre d’État en charge de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, Henri-Claude Oyima incarne un profil rare dan

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Nommé ministre d’État en charge de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, Henri-Claude Oyima incarne un profil rare dans l’arène politico-financière gabonaise : celui d’un négociateur reconnu, doté d’une connaissance aiguë des mécanismes de la dette et du fonctionnement des marchés. Son rôle-clé dans le succès de l’opération « Mouele », qui a permis de rééchelonner plus de 2 485 milliards FCFA de dette intérieure, témoigne de son habileté stratégique et de la confiance que lui accordent les créanciers nationaux et internationaux.

Dans un contexte où les exigences des bailleurs de fonds — FMI, Banque mondiale, et autres institutions multilatérales — se durcissent, la nomination de cet homme fort de la finance gabonaise pourrait apparaître comme un choix tactique du Chef de l’État. Oyima a le profil de celui qui peut rassurer les marchés tout en résistant aux injonctions parfois rigides des bailleurs, notamment sur des sujets sensibles comme la suppression des subventions, la maîtrise de la masse salariale, ou encore la réforme du train de vie de l’État.

Mais au-delà des éloges, une zone grise persiste : son maintien à la tête de BGFI Holding, le plus puissant groupe bancaire de la sous-région. Cette double casquette — ministre d’État et président d’une institution bancaire influente — soulève des interrogations sur la capacité à faire primer l’intérêt général sur les logiques de rendement privé.

📰 Le regard de Com d’Afrik

Henri-Claude Oyima est sans conteste l’un des meilleurs techniciens financiers que le Gabon ait produits. Sa capacité à négocier, à dialoguer avec les marchés, et à concevoir des solutions complexes pour répondre aux enjeux macroéconomiques n’est plus à démontrer. En cela, son entrée au gouvernement peut être perçue comme un gage de professionnalisation de la gestion économique du pays.

Mais pour espérer un véritable redressement économique, cette nomination devra s’accompagner d’un engagement clair en faveur de la transparence et de l’éthique publique. Car il serait illusoire de prôner la moralisation de la vie économique tout en tolérant des conflits d’intérêts aussi évidents. Le Gabon n’a plus le luxe de composer avec les ambiguïtés : il lui faut des hommes d’action certes, mais surtout dépourvus d’intérêts concurrents dans la conduite de la politique économique nationale.

En définitive, la réussite d’Oyima dépendra autant de son talent que de sa capacité à se délester de ses attaches privées pour servir exclusivement l’intérêt public. Ce sacrifice — s’il le fait — enverrait un signal fort à l’opinion et aux partenaires du Gabon : celui d’un État en voie de réinvention.

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