TRIBUNE L’endettement excessif est devenu un défi majeur pour de nombreux États d’Afrique centrale. Dans un contexte où la dette publique attei
TRIBUNE
L’endettement excessif est devenu un défi majeur pour de nombreux États d’Afrique centrale. Dans un contexte où la dette publique atteint des niveaux critiques, plusieurs gouvernements peinent non seulement à rembourser leurs créanciers internationaux, mais aussi à honorer leurs engagements vis-à-vis des banques locales, ralentissant ainsi le financement du développement.
Dans cette réflexion, j’aimerais poser une question essentielle : comment assurer une gestion plus saine de la dette publique tout en garantissant des investissements efficaces pour le développement ? 📉🌍
📊 Une réalité alarmante
Des pays comme le Gabon, le Congo, ou encore le Tchad affichent des niveaux d’endettement qui frôlent, voire dépassent, les 80 % du PIB. Cette situation, exacerbée par une croissance économique fragile et une dépendance aux matières premières, entraîne plusieurs conséquences :
✅ Compression budgétaire : Moins de marges de manœuvre pour investir dans les infrastructures, l’éducation ou la santé.
✅ Dépendance aux bailleurs internationaux : Une souveraineté budgétaire mise à mal par la nécessité de renégocier en permanence.
✅ Déséquilibres bancaires internes : Des États en retard de paiement envers les banques locales, fragilisant tout le système financier national.
Dans la gestion des finances publiques, il est essentiel de différencier la bonne dette de la mauvaise dette :
🔹 Une bonne dette est un levier de croissance : elle finance des projets à fort retour sur investissement (infrastructures, éducation, transition énergétique) et stimule l’économie à long terme.
🔹 Une mauvaise dette, en revanche, finance des dépenses courantes, des projets non rentables ou repose sur des emprunts à des taux insoutenables, aggravant le déficit public sans réelle valeur ajoutée.
🚀 Pistes de solutions pour une gestion plus efficace de la dette
🔸 Améliorer la transparence budgétaire et la gouvernance financière
Un État qui maîtrise mieux ses dépenses et optimise ses recettes fiscales réduit sa dépendance aux financements extérieurs. Un audit régulier et une gestion plus rigoureuse des finances publiques sont essentiels.
🔸 Prioriser les investissements à impact économique réel
Les emprunts doivent être orientés vers des secteurs stratégiques capables de générer des revenus à moyen et long terme (énergies renouvelables, digitalisation, infrastructures de production).
🔸 Négocier intelligemment avec les créanciers
Les États doivent mieux structurer leur dette en privilégiant des conditions plus souples (taux d’intérêt réduits, échéances allongées) et en diversifiant leurs sources de financement (marchés financiers, fonds souverains).
🔸 Encourager le financement interne et régional
Dépendre uniquement des financements extérieurs expose les économies aux chocs exogènes. Renforcer le rôle des banques locales et des institutions financières régionales permettrait de mieux absorber les besoins de financement.
📢 Conclusion : repenser la gestion de la dette pour un développement durable
L’endettement ne doit pas être un frein au développement, mais un outil stratégique. Il est urgent que les États africains adoptent des politiques de gestion plus rigoureuses et visionnaires afin d’éviter l’asphyxie financière.
La dette peut être un levier de croissance ou un piège économique : tout dépend de la manière dont elle est gérée. L’Afrique centrale a encore des marges de manœuvre, à condition d’opérer un vrai changement de paradigme.
Laetitia Mebaley
Consultante Banque Mondiale
Directrice Institut Supérieur de Leadership – ISL GABON
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